Je m’étonnais l’autre jour de trouver en regardant des pages du site web d’un client optimisées pour le référencement naturel par des confrères il y a quelque temps ce que l’on nomme pudiquement des « variantes de graphie ». C’est-à-dire des mots clefs insérés ici et là avec des fôtes d’ortograffe ! Pour essayer de cibler, bien sûr, les prospects qui se ratent dans la saisie de leur terme de recherche. Ou peut-être aussi pour tenter d’influer sur le calcul de densité du mot en question, et flirter avec les limites de la suroptimisation … qui sait ? Qui sait d’ailleurs comment les moteurs d’indexation prennent en compte les différentes variantes orthographiques ? En français il existe souvent pour un même son une quantité de graphies incroyablement vaste, et donc un nombre de variantes phonétiquement acceptables parfois énorme. Ci-dessous, une vidéo des excellents Hoedt et Piron qui aborde, entre autres, cette question.
Quelques fois pire encore pour le référenceur il existe de nombreuses variantes acceptées. C’est le cas lorsque pour rester dans la question du Référencement naturel, des mots-clefs eux-mêmes. Le terme « mot-clef » en français peut s’écrire mot-clé, mot clef ou mot-clef soit quatre possibilités généralement admises. Dans un texte traditionnel, pour un article, dans un bouquin, ou une lettre à sa grand-mère la recommandation d’usage est de choisir une de ces formes et de la garder tout au long du texte. Ce n’est pas forcément le choix opéré par ceux qui écrivent pour le référencement qui tentent de couvrir chacune des options.
Face à cette confusion, certains choisissent alors de se positionner sur d’autres termes, d’autres variantes, comme l’on s’adresse souvent à des prospects qui viennent du marketing, on va la faire en anglais pour simplifier les choses. Ainsi on retrouve les keywords qui rapidement s’agglomèrent avec des termes anglophones que parfois d’ailleurs seuls les Français utilisent !
Nous vous proposerons à l’issue des séances de brainstorming un draft de wording intégrant l’ensemble de vos keywords – Après un process de team optimisation, l’équipe de coding l’implémentera onpage pendant que la task force netlinking mettra en place la roadmap pour les actions offpage.
Je force un peu le trait mais pas tant que ça ! En plus de vingt ans de pratique si vous saviez le nombre de fois où j’ai lu ou entendu de telles horreurs ! Ce genre de pratique est, je crois, pour certains un refuge où l’on se cache pour éviter de se prendre les pieds dans la graphie du français ! Dans les mails je retrouve souvent par exemple « Je te phone » ou « On se fait un call demain » et cette tournure devient extrêmement fréquente. Je suis persuadé que si ces tournures se généralisent c’est à cause de ce petit pervers de verbe « appeler », infinitif deux « P » un « L » – futur » je t’appellerai » avec un « L » de plus … ajoutez le participe passé qu’il faut reconnaitre, et cerise sur le gâteau, appeler s’utilise avec l’auxiliaire avoir … dont l’accord avec le complément d’objet direct vous savez … du coup ça finit par « j’ai eu un call avec Machin » !
Côté Google, pour en revenir au référencement naturel, il est théoriquement notre ami et va tenter de nous aider, ainsi si je cherche » Référanssement naturelle » il va détecter qu’il y a comme un souci et me proposer la version qui lui semble correcte à savoir cet écran :
Donc Google a rectifié « Référanssement » par « référencement » l’adjectif « naturel » est lui utilisé dans une forme qui existe « naturelle » au féminin donc il nous le laisse tel quel avec la faute d’accord.
Si j’insiste, si je veux persister dans l’erreur, je peux cliquer sur la forme fautive et découvrir les résultats jugés légitimes pour cette forme. Bien sûr, il y en a beaucoup moins qui contiennent cette orthographe, et curieusement l’affichage publicitaire de Google adwords ne tient pas compte de mon insistance à chercher la faute et continue d’afficher des publicités pour des agences de SEO. Logique la régie publicitaire intègre ce qu’elle nomme les requêtes larges c’est-à-dire intégrant d’autorité les formes fautives. Si l’on tente l’expérience avec un terme comme « porte-phenaitre » là aussi le moteur de recherche va nous proposer une correction pas tout à fait exacte : « fenetre » sans son accent circonflexe.
Quel intérêt ont ces expériences pour le référencement naturel me direz-vous ? Et bien à peu près aucun ! En effet Google encore une fois fait ce qu’il veut. Parfois l’on indique que l’indexation pourrait être pénalisée par un site présentant une orthographe trop défaillante, visiblement quand on voit l’orthographe de pages très bien positionnées il est permis d’en douter.
Le seul élément pertinent qui apparait lors de ces tests est le lien entre l’orthographe et la recherche vocale, beaucoup ont écrit d’ailleurs sur le sujet. Clairement lorsque l’utilisateur dicte sa recherche il a beaucoup moins de chance de faire des fautes de frappe ! Mais du coup il va exprimer des recherches plus longues, comportant plus de mots s’entend. D’une part parce que, bien sûr, il est plus facile de dicter que de saisir mais surtout parce qu’il est nécessaire pour que la reconnaissance vocale fonctionne de lui donner un contexte. On en revient à l’aspect linguistique, en français homophonie, homographie, homonymie sont monnaie courante, pour que la reconnaissance vocale fonctionne correctement il est donc souvent nécessaire de lui donner un contexte donc une phrase relativement longue. Bien sûr ceci a un effet sur la manière dont les gens recherchent, mais aussi un impact sur la manière dont les chargés de référencement travaillent. La recherche vocale a vocation à se généraliser, les utilisateurs vont donc « naturellement » s’habituer à formuler les recherches ainsi, sous forme de questions et en écartant les ambiguïtés. Gageons que rapidement les linguistes constateront que ce mode d’expression se propage au langage courant, au dialogue entre les humains ? Là encore la cohabitation avec les robots va probablement influencer le comportement des humains.